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Zoom Afrique du 8 février 2024

Les titres de la rédaction :

  • Kenya : 50 wagons réceptionnés pour le SGR Mombasa-Nairobi sur une commande de 300
  • La Zambie veut plus que doubler sa participation dans les nouveaux projets miniers
  • Côte d’Ivoire : la petite traite de cacao est attendue entre 400 000 et 450 000 tonnes en 2023/2024
  • Cameroun : la Sonamines souhaite acheter 6 tonnes d’or auprès des producteurs locaux pour constituer des réserves stratégiques

Les analyses de la rédaction :

1. La France n'a rien à offrir à l'Afrique

La nomination de Jean-Marie Bockel en tant qu’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique montre que Paris cherche des moyens de contrecarrer la perte d’influence sur le continent, a déclaré Ibrahim Namaiwa, consultant nigérien indépendant et membre du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR). 

"La France officielle continue à chercher les voies et moyens qui vont lui permettre de continuer sa politique paternaliste en Afrique de l'Ouest. Bien que la France et les soldats français aient été chassés du Burkina, du Mali et du Niger, nous savons qu'ils vont vouloir chercher d'autres moyens qui vont leur permettre de revenir par d'autres canaux", a-t-il dit. 

Le nouvel émissaire est chargé d’expliquer aux pays accueillant des bases françaises, à savoir le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon et le Tchad, "les raisons et les modalités d’adaptation" de la présence militaire française. Face aux dirigeants de ces pays, cette mission ne devrait pas rencontrer d’obstacles, estime Namaiwa. 

"Il est en train d'aller dans des pays où les chefs d'État [...] sont soumis à la Françafrique, à la politique française en Afrique. C'est effectivement ces chefs d'État qui continuent à aider la France dans sa politique néo-coloniale en Afrique [...]. Pour leur expliquer comment s'effectuera le déploiement des soldats français chassés du Niger, du Burkina et du Mali, je ne pense pas qu’il puisse rencontrer des difficultés", raisonne le consultant nigérien. 

Le redéploiement des soldats français dans ces pays pourrait être rejeté par les populations en cas de consultation par référendum, car elles "ne veulent plus de la présence des soldats français", ajoute Ibrahim Namaiwa. Toutefois, ce scénario lui paraît peu probable. 

"La France officielle traite directement avec les chefs d'État, elle leur donne des pots de vin, elle les corrompt, et elle redéploie ses soldats sur leur territoire. Donc c'est toujours la politique interventionniste française qui ne respecte pas souvent certaines règles", tranche-t-il. 

Paris ne se rend pas compte du fait que le contexte sur le continent a beaucoup évolué et ne s’est pas adapté aux nouvelles réalités, avance l’expert. Cela fait qu’aujourd’hui les autorités françaises n’ont rien à proposer à l’Afrique. 

"Les peuples africains sont des peuples non seulement éveillés, mais qui sont engagés, qui sont plus que jamais déterminés à défendre la souveraineté de leurs pays [...]. C'est dans ce contexte que la France, chassée d'AES, voulait se redéployer dans les autres pays. On se demande qu'est-ce qu'elle va effectivement apporter ? Cette question est très importante et moi, personnellement, je n'y vois pas ce que la France pourrait apporter du nouveau qui va permettre que les peuples de ces pays-là puissent accepter l'offre de la France", analyse Namaiwa. 

Et de poursuivre: "La France a toujours montré des mauvaises pratiques de son attitude paternaliste, et c'est la même chose qu'elle va continuer à offrir. Nous sommes conscients [...] que la France a plus à gagner en Afrique qu'à donner. La France va plus profiter toujours et toujours des richesses des pays de l'Afrique que de donner quoi que ce soit aux peuples africains parce qu'on ne voit pas ce que la France pourrait apporter aujourd'hui". 

Sans les pays africains, la France va perdre ses positions sur le plan économique, insiste l’analyste. 

"Il n'y a absolument plus rien de bien à attendre de la France qui va être donné aux Africains", conclut-il. 

2. Les opportunités de l’AES s’élargissent 

Le 28 janvier 2024, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé leur retrait de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette annonce de retrait, « sans délai », du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation sous-régionale a secoué l’Afrique de l’Ouest. 

Ces pays ont justifié leur décision par le constat que la CEDEAO ne répondait plus aux attentes et aux besoins de leurs populations. Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, a expliqué que le retrait du Mali, du Burkina Faso, et du Niger, de la CEDEAO était une décision nécessaire en raison de la menace que cette organisation représentait pour la souveraineté et les intérêts vitaux de ces nations. Le Premier ministre burkinabè Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a, pour sa part, déclaré que le divorce voulu avec l’organisation sous-régionale est une décision « mûrement réfléchie » et répond aux aspirations à une « souveraineté totale ». 

Sans aucun doute, les pays de l’AES n’auraient pas pris une décision aussi grave sans avoir soigneusement réfléchi à toutes les conséquences possibles. Et il convient de noter que ce retrait de trois pays de la CEDEAO leur offre de nombreuses opportunités. Ainsi, selon le ministre malien en charge de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, ce retrait constitue une opportunité pour développer une stratégie endogène de croissance de l’économie du Mali en lien avec les pays de l’AES, offre la possibilité de développer un marché intérieur fort, stimulant la croissance économique et assurant une autonomie politique et économique. De plus, les nouvelles opportunités concernent la vision commune de créer des capacités communes en matière d’énergie, de transports, de développement rural, de technologie de l’information et de la communication et de finance ce qui favorise la réalisation de progrès rapides en matière de prospérité socio-économique. 

Alors, cette décision de retrait de la CEDEAO ouvre des perspectives considérables pour l’autonomie politique et économique des pays de l’AES. 

Au contraire, avec la perte de trois pays membres, c’est la CEDEAO qui en ressentira les conséquences négatives. Le ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, Aboubacar Nacanabo, estime que la CEDEAO perdra 70 millions d’euros par an après le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger. 

Un aspect important qui a influencé la décision des pays de l’AES de se retirer de l’organisation sous-régionale est que celle-ci est contrôlée par des puissances étrangères. Dans un communiqué les trois pays ont déclaré que l’organisation, devenue « une menace pour ses États membres », est « sous l’influence de puissances étrangères ». Plus précisément, ces puissances étrangères, à savoir la France, influencent les décisions de la CEDEAO. Et cette ingérence de la France est flagrante. Par exemple, dans le cas de l’imposition de sanctions illégitimes contre le Mali – aucun texte dans le cadre de l’UEMOA ne prévoyait et ne permettait la mise en œuvre de telles sanctions. Ce type de sanctions financières portaient, alors, la marque du néocolonialisme français. 

Dans leur communiqué conjoint, les trois pays ont déclaré que la CEDEAO « s’est éloignée de ses pères fondateurs et du panafricanisme ». Cela veut dire que, l’organisation serait instrumentalisée par l’ancienne puissance coloniale française qui prive les États membres de leur autonomie. Afin de se débarrasser de ces vestiges de l’Afrique postcoloniale et d’accéder à la pleine souveraineté et autonomie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de prendre leur destin en main. Ils ont estimé que le moment était venu de quitter cette organisation. 

Il est bien clair que la CEDEAO, qui sera fortement affectée par cette perte et qui sera affaiblie par le retrait du Mali, du Burkina et du Niger, ne veut pas laisser partir ces trois pays membres. Et maintenant, ils doivent faire face à un an de négociations avant que les pays de l’AES puissent véritablement se retirer de la CEDEAO. Ainsi, pendant ce temps, la Communauté espère changer la donne et influencer les trois pays pour qu’ils ne quittent pas l’organisation sous-régionale. Pourtant, le Mali, le Burkina Faso et le Niger doivent rester fermes face aux pressions de la CEDEAO et mener à bien cette décision historique. 

3. Sénégal: un peuple éveillé et souverain ! 

Les ingérences continuent, à croire que ce sont précisément les pays occidentaux qui décident de l’avenir du Sénégal. 

Les USA, la France, l’UE, la CEDEAO, ont effectué un retournement rapide de leur veste vis-à-vis du Sénégal. 

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a appelé les hommes politiques sénégalais à aligner le calendrier des élections présidentielles sur les dispositions de la Constitution. C’est ce qu’indique un communiqué de l’organisation régionale publié sur le réseau social X. 

« La Commission de la CEDEAO suit avec préoccupation la situation au Sénégal », indique le document. « Elle appelle à s’abstenir de toute action ou déclaration contraire à la Constitution et rappelle à la population et aux hommes politiques leur responsabilité dans le maintien de la paix et de la stabilité. Les responsables politiques doivent, dans les meilleurs délais, faire le nécessaire pour rétablir le calendrier électoral conformément aux dispositions de la Constitution ». 

La CEDEAO a également appelé la société sénégalaise à faire preuve de retenue et à renoncer à la violence. 

Le 3 février, le président sénégalais Macky Sall a annoncé l’annulation de son décret fixant les élections à la tête de l’État au 25 février en raison d’une « confusion sur les candidats ». L’opposition a réagi en accusant le chef de l’État de « coup d’État constitutionnel » et en appelant à des manifestations. La première d’entre elles a eu lieu le 4 février dans la capitale Dakar.  

Quelques heures après l’annonce du report des élections, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’était dite préoccupée par la situation et a appelé les hommes politiques du pays au dialogue afin d’organiser un scrutin juste et transparent. 

Le 6 février, le Parlement sénégalais a approuvé un amendement constitutionnel visant à abroger une disposition qui liait la date des élections présidentielles à la fin du mandat du chef d’État en exercice. L’élection présidentielle a été reprogrammée pour le 15 décembre de cette année. Le Parlement a également prolongé le mandat du président sortant Macky Sall, qui devait s’achever le 2 avril. 

Maintenant, la France réclame la tenue de la présidentielle au Sénégal dans les plus brefs délais, alors que jusqu’à présent, la diplomatie française avait soutenu l’annonce du report des élections. 

Macky Sall est maintenant sous pression. Après la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européennee et les États-Unis, la France vient prendre ses distances avec le Chef d’État sénégalais. Devant le Parlement français mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a invité les autorités sénégalaises à respecter le calendrier électoral et la constitution. 

C’est une pression supplémentaire sur le président Macky Sall qui a reporté la présidentielle. Une décision entérinée par l’Assemblée nationale lors d’un vote agité. 

Mais ce changement de ton n’est pas si anodin que cela.  

Nathalie Yamb affirme sans équivoque que le report de l’élection présidentielle au Sénégal vise uniquement à favoriser Karim Wade, le candidat soutenu par la France. 

Dans une récente déclaration concernant le report de l’élection présidentielle au Sénégal, la panafricaniste Nathalie Yamb, soutient que la décision de Macky Sall vise exclusivement à promouvoir Karim Wade jusqu’au palais présidentiel. Sur les réseaux sociaux, la militante camerounaise s’est indignée en déclarant : « Tout ça pour Karim Wade ! » 

Ancienne cadre du parti politique LIDER (Liberté et Démocratie pour la République), fondé par Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Nathalie Yamb a déclaré que les récents événements, y compris l’incident impliquant les gendarmes à l’Assemblée nationale sénégalaise le lundi 5 février 2024, ainsi que l’action de Macky Sall, sont le résultat de la volonté du président français Emmanuel Macron de voir Karim Wade accéder à la présidence du Sénégal, même si cela nécessite l’utilisation de la force ou d'un coup d’État. 

De plus, elle a dépldoré les violations flagrantes, telles que la coupure d’Internet et la violation de la constitution, déclarant que l’État de droit a été complètement ignoré, et ce, sous les yeux de tous. Nathalie Yamb a rappelé qu’elle avait averti il y a 7 mois exactement, dans une vidéo du plan de l’Élysée. 

Un retournement de veste assez rapide. Visiblement, Washington a donné l’ordre à l’Élysée et la CEDEAO d’accentuer la pression sur le Sénégal, pour être sûr que ce soit un pion qui accède au pouvoir et non pas un patriote au tendance souverainiste. Ce que tout le monde a l’air d’oublier est que le peuple sénégalais est éveillé et souverain ! 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV